Académie Française de Médecine communiqué 23/02/2010:
Posté : 05 avr. 2012, 20:20
source : site officiel de l'Académie Française de Médecine dans son site dédié au sujet : Cannabis : http://www.academie-medecine.fr/sites_t ... r_2010.htm
(Pour aller plus loin dans la découverte de la position de cette institution sur notre plante chérie : http://www.academie-medecine.fr/sites_t ... efault.htm )
COMMUNIQUÉ
Au nom de la Commission VI (Addictions)
Cannabis : un faux médicament, une vraie drogue
Jean COSTENTIN* (NDLR : merci docteur Costentin, si tu traverses la route devant moi promis je freine pas)
Un article de la revue « Courrier international » (n°988-oct.2009), reproduisant un article du journal « Fortune » révèle l’effondrement des digues édifiées contre la diffusion du cannabis par le pouvoir fédéral américain, sous la pression de lois élaborées par certains états en faveur de l’utilisation thérapeutique de cette drogue. L’application de ces lois présentant le cannabis comme un médicament risque d’en accentuer la pénétration dans la société américaine avec tous les effets délétères qu’on lui connaît. Le même type d’arguments refaisant périodiquement son apparition dans notre pays, l’Académie nationale de médecine renouvelle en les complétant les réserves émises à ce propos à deux reprises, en 1998 et 2006, et en indique les raisons :
Pour chacune des activités thérapeutiques alléguées, parfois démontrées, la pharmacopée n’est pas dépourvue de médicaments ayant satisfait aux nombreux et rigoureux critères qui permettent d’accéder à ce statut, développant des propriétés pharmacologiques supérieures à celles du tétrahydrocannabinol (THC).
Pour tout médicament, la dose thérapeutique utile doit être connue avec précision. Or, la marijuana (plante du chanvre indien) et le haschich (sa résine) sont des mélanges de nombreuses substances, dont les proportions absolues et relatives peuvent changer considérablement selon la variété, le lieu de culture, le climat, le moment de la récolte. Dans le cas de cannabis fumé, les concentrations en principe actif, THC, sont très variables.
Mais surtout, ce qui qualifie un médicament est son rapport bénéfice/risque établi par l’analyse des bienfaits que pourra en retirer le patient, comparés aux risques d’effets secondaires et de toxicité. S’agissant du cannabis /THC, les effets pharmacologiques sont d’une intensité modeste alors que les effets secondaires sont nombreux et très souvent adverses. Les principaux méfaits psychiques consistent en perturbation de la mémoire, de l’éveil, de l’attention ; développement au long cours de troubles anxieux, de dépression, de décompensation ou d’aggravation de la schizophrénie ; incitation à la consommation d’autres drogues. Par ailleurs, le cannabis accroît les risques d’accidents de la route et du travail et potentialise les effets de l’alcool. Ses principaux méfaits physiques résident dans une dépression de l’immunité, la survenue de cancers broncho-pulmonaires et de la sphère ORL, d’infarctus du myocarde, d’artérites, de pancréatites. En outre, fumer du cannabis au cours de la grossesse est dangereux pour le fœtus.
Pour toutes ces raisons, issues de données épidémiologiques documentées, l’Académie nationale de médecine met en garde contre l’utilisation du cannabis en tant que médicament.
*
* *
L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 23 février 2010, a adopté le texte de ce communiqué moins deux abstentions.
Pour copie certifiée conforme,
Le Secrétaire perpétuel,
Professeur Jacques-Louis BINET
PS : EDIT : un autre article édifiant du même Dr Jean Costentin, pharmacologue de son état : http://www.larecherche.fr/content/reche ... e?id=31281
Faut-il dépénaliser les drogues ?
« La dépénalisation, pour ne pas dire légalisation, ferait exploser le nombre d'usagers »
Dépénaliser est un euphémisme pour « légaliser ». C'est le premier pas qui coûte : quand il est franchi, quand on a laissé mettre le pied dans la porte, on ne sait plus la refermer... La requête d'une légalisation du cannabis resurgit à chaque période électorale. Mais cette fois cette revendication s'inscrit dans celle de la dépénalisation - donc d'un pas vers la légalisation - de toutes les drogues. Ses tenants espèrent qu'à l'issue du débat qu'ils provoquent ils obtiendront au moins celle du cannabis.
Quelques addictologues se découvrent très tentés par cette monstruosité, comme s'ils redoutaient la désertion de leur fonds de commerce. Le trait toxicophile est inscrit en chacun de nous, de façon plus ou moins appuyée, à partir de déterminants facteurs génétiques. Son expression paraît très liée à l'éducation, à l'environnement, aux circonstances, mais aussi, intensément, à la loi et à l'application que l'on en fait.
La loi d'interdiction des stupéfiants date de plus de quarante ans. Le législateur ne disposait alors que de suspicions, et le principe de précaution était peu prégnant. Pourtant il a eu l'intuition de leurs dangers. Il a mesuré que leur rapport bénéfice-risque se résumait à des bénéfices pour les seuls trafiquants et à des risques pour tous les consommateurs et pour la société. Depuis, les nombreuses études neurobiologiques, cliniques et épidémiologiques ont érigé en certitudes la plupart des incriminations retenues et en ont caractérisé beaucoup d'autres.
Péril accru
Malgré cette loi, le péril toxicomaniaque s'est accru. Ce n'est pas quand le feu s'étend qu'il faut se débarrasser des extincteurs (la loi, en l'occurrence). Il importe de les utiliser plus efficacement. Neutraliser les prosélytes de ces toxiques, mettre en place, comme en Suède, une pédagogie intense et efficace. La dépénalisation ou la légalisation du cannabis, pour n'évoquer que cette drogue, ferait exploser le nombre de ses usagers réguliers (1 700 000), le faisant tendre vers celui des fumeurs de tabac (15 000 000) ou des alcoolo-dépendants (4 000 000).
Nos jeunes sont en majorité sensibles à son interdiction, et la respectent. Quant à ceux qui ont un irrépressible besoin de transgression, tel un passeport pour l'accès au statut d'adulte, cette légalisation les ferait frapper d'emblée à la porte des drogues encore plus dures. À l'heure où l'on assiste au rajeunissement des premières expérimentations des drogues, sachant que plus tôt les essayer, c'est plus vite les adopter et plus intensément se détériorer ; à l'heure où les quelques pays qui ont légalisé le cannabis s'en brûlent les doigts et font discrètement marche arrière (tels les Pays-Bas, qui viennent de fermer plusieurs centaines de coffee shops ) ; à l'heure où l'on veut réduire davantage l'accidentalité routière ou au travail ; à l'heure où l'on s'efforce de faire baisser la consommation d'alcool et où l'on prend conscience enfin que le tabac tue 66 000 des nôtres chaque année ; à l'heure où la compétition économique nous rappelle qu'il n'y a de richesse que d'hommes, hommes dont il faut développer l'intelligence, la culture, l'ambition, et non les précipiter dans des toxicomanies les rendant apathiques, résignés, indifférents, anxieux, dépressifs, voire fous : la légalisation du cannabis est la grosse ficelle (en chanvre) de ceux qui aspirent à une croissance négative.
S'il faut être attentif à l'état de la planète que nous léguerons à nos enfants, il faut l'être bien plus encore à l'état des enfants que nous lui léguerons. Non à ces drogues qui en feraient des shootés, des camés, des paumés, que nos budgets sociaux n'ont déjà plus les moyens d'assister. La vraie mauvaise idée de dépénalisation, donc de légalisation des drogues, serait une faute criminelle.
Jean Costentin
(Pour aller plus loin dans la découverte de la position de cette institution sur notre plante chérie : http://www.academie-medecine.fr/sites_t ... efault.htm )
COMMUNIQUÉ
Au nom de la Commission VI (Addictions)
Cannabis : un faux médicament, une vraie drogue
Jean COSTENTIN* (NDLR : merci docteur Costentin, si tu traverses la route devant moi promis je freine pas)
Un article de la revue « Courrier international » (n°988-oct.2009), reproduisant un article du journal « Fortune » révèle l’effondrement des digues édifiées contre la diffusion du cannabis par le pouvoir fédéral américain, sous la pression de lois élaborées par certains états en faveur de l’utilisation thérapeutique de cette drogue. L’application de ces lois présentant le cannabis comme un médicament risque d’en accentuer la pénétration dans la société américaine avec tous les effets délétères qu’on lui connaît. Le même type d’arguments refaisant périodiquement son apparition dans notre pays, l’Académie nationale de médecine renouvelle en les complétant les réserves émises à ce propos à deux reprises, en 1998 et 2006, et en indique les raisons :
Pour chacune des activités thérapeutiques alléguées, parfois démontrées, la pharmacopée n’est pas dépourvue de médicaments ayant satisfait aux nombreux et rigoureux critères qui permettent d’accéder à ce statut, développant des propriétés pharmacologiques supérieures à celles du tétrahydrocannabinol (THC).
Pour tout médicament, la dose thérapeutique utile doit être connue avec précision. Or, la marijuana (plante du chanvre indien) et le haschich (sa résine) sont des mélanges de nombreuses substances, dont les proportions absolues et relatives peuvent changer considérablement selon la variété, le lieu de culture, le climat, le moment de la récolte. Dans le cas de cannabis fumé, les concentrations en principe actif, THC, sont très variables.
Mais surtout, ce qui qualifie un médicament est son rapport bénéfice/risque établi par l’analyse des bienfaits que pourra en retirer le patient, comparés aux risques d’effets secondaires et de toxicité. S’agissant du cannabis /THC, les effets pharmacologiques sont d’une intensité modeste alors que les effets secondaires sont nombreux et très souvent adverses. Les principaux méfaits psychiques consistent en perturbation de la mémoire, de l’éveil, de l’attention ; développement au long cours de troubles anxieux, de dépression, de décompensation ou d’aggravation de la schizophrénie ; incitation à la consommation d’autres drogues. Par ailleurs, le cannabis accroît les risques d’accidents de la route et du travail et potentialise les effets de l’alcool. Ses principaux méfaits physiques résident dans une dépression de l’immunité, la survenue de cancers broncho-pulmonaires et de la sphère ORL, d’infarctus du myocarde, d’artérites, de pancréatites. En outre, fumer du cannabis au cours de la grossesse est dangereux pour le fœtus.
Pour toutes ces raisons, issues de données épidémiologiques documentées, l’Académie nationale de médecine met en garde contre l’utilisation du cannabis en tant que médicament.
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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 23 février 2010, a adopté le texte de ce communiqué moins deux abstentions.
Pour copie certifiée conforme,
Le Secrétaire perpétuel,
Professeur Jacques-Louis BINET
PS : EDIT : un autre article édifiant du même Dr Jean Costentin, pharmacologue de son état : http://www.larecherche.fr/content/reche ... e?id=31281
Faut-il dépénaliser les drogues ?
« La dépénalisation, pour ne pas dire légalisation, ferait exploser le nombre d'usagers »
Dépénaliser est un euphémisme pour « légaliser ». C'est le premier pas qui coûte : quand il est franchi, quand on a laissé mettre le pied dans la porte, on ne sait plus la refermer... La requête d'une légalisation du cannabis resurgit à chaque période électorale. Mais cette fois cette revendication s'inscrit dans celle de la dépénalisation - donc d'un pas vers la légalisation - de toutes les drogues. Ses tenants espèrent qu'à l'issue du débat qu'ils provoquent ils obtiendront au moins celle du cannabis.
Quelques addictologues se découvrent très tentés par cette monstruosité, comme s'ils redoutaient la désertion de leur fonds de commerce. Le trait toxicophile est inscrit en chacun de nous, de façon plus ou moins appuyée, à partir de déterminants facteurs génétiques. Son expression paraît très liée à l'éducation, à l'environnement, aux circonstances, mais aussi, intensément, à la loi et à l'application que l'on en fait.
La loi d'interdiction des stupéfiants date de plus de quarante ans. Le législateur ne disposait alors que de suspicions, et le principe de précaution était peu prégnant. Pourtant il a eu l'intuition de leurs dangers. Il a mesuré que leur rapport bénéfice-risque se résumait à des bénéfices pour les seuls trafiquants et à des risques pour tous les consommateurs et pour la société. Depuis, les nombreuses études neurobiologiques, cliniques et épidémiologiques ont érigé en certitudes la plupart des incriminations retenues et en ont caractérisé beaucoup d'autres.
Péril accru
Malgré cette loi, le péril toxicomaniaque s'est accru. Ce n'est pas quand le feu s'étend qu'il faut se débarrasser des extincteurs (la loi, en l'occurrence). Il importe de les utiliser plus efficacement. Neutraliser les prosélytes de ces toxiques, mettre en place, comme en Suède, une pédagogie intense et efficace. La dépénalisation ou la légalisation du cannabis, pour n'évoquer que cette drogue, ferait exploser le nombre de ses usagers réguliers (1 700 000), le faisant tendre vers celui des fumeurs de tabac (15 000 000) ou des alcoolo-dépendants (4 000 000).
Nos jeunes sont en majorité sensibles à son interdiction, et la respectent. Quant à ceux qui ont un irrépressible besoin de transgression, tel un passeport pour l'accès au statut d'adulte, cette légalisation les ferait frapper d'emblée à la porte des drogues encore plus dures. À l'heure où l'on assiste au rajeunissement des premières expérimentations des drogues, sachant que plus tôt les essayer, c'est plus vite les adopter et plus intensément se détériorer ; à l'heure où les quelques pays qui ont légalisé le cannabis s'en brûlent les doigts et font discrètement marche arrière (tels les Pays-Bas, qui viennent de fermer plusieurs centaines de coffee shops ) ; à l'heure où l'on veut réduire davantage l'accidentalité routière ou au travail ; à l'heure où l'on s'efforce de faire baisser la consommation d'alcool et où l'on prend conscience enfin que le tabac tue 66 000 des nôtres chaque année ; à l'heure où la compétition économique nous rappelle qu'il n'y a de richesse que d'hommes, hommes dont il faut développer l'intelligence, la culture, l'ambition, et non les précipiter dans des toxicomanies les rendant apathiques, résignés, indifférents, anxieux, dépressifs, voire fous : la légalisation du cannabis est la grosse ficelle (en chanvre) de ceux qui aspirent à une croissance négative.
S'il faut être attentif à l'état de la planète que nous léguerons à nos enfants, il faut l'être bien plus encore à l'état des enfants que nous lui léguerons. Non à ces drogues qui en feraient des shootés, des camés, des paumés, que nos budgets sociaux n'ont déjà plus les moyens d'assister. La vraie mauvaise idée de dépénalisation, donc de légalisation des drogues, serait une faute criminelle.
Jean Costentin