Vachement sympa ce petit débat.
Je veux juste dédramatiser la manipulation de lignées consanguines en passant. C'est une simple question de stratégie :
Je voudrais sauvegarder une variété sans perte de vigueur dû à une manque de richesse de la génétique de base ou une sélection trop fine des phénotypes lors de mes reproductions.
afin de conserver le plus grand génome de la variété possible. Pollinisation d'une partie de la récolte, tout les mâles x toutes les femelles. Ce qui assure un brassage génétique suffisant je pense.
Pour revenir sur un point de la discussion et n'oubliant pas le contexte dans lequel la majorité d'entre nous cultivons, la perte de qualité d'un specimen interviendra beaucoup plus fréquemment en prolongeant la vie d'une plante sur plusieurs annèes (tout en tapant dessus pour remplir les espaces) qu'en menant une lignée. C'est pas vraiment comparable d'ailleurs mais ça permet de rationnaliser l'urgence.
Personnellement j'en suis venu à une routine que je ne lâche plus : en général je ne laisse pas mes pieds "faire du bois" en veg'. Dès que je les taille une premiere fois (SOG), je les balance ratiboisés en flo. C'est plus contraignant que des grosses mémères façon souche de vigne, mais ça maintient un coin veg' constemment rempli de plantes en train de coloniser leur sol et leur périmètre, bien vertes et tendres. J'ai pu expérimenter que cette dynamique change la donne sur la longueur à condition de la maintenir d'une manière constante, ce qui est pas toujours évident. Il m'arrive de balancer à contre coeur des PM sans pouvoir rentabiliser tout ce que je leur ai donné en engrais et lumière, spécialement quand je jongle avec des temps de flo bien espacés ou bien que j'ai eu la main lourde en germination.
Ce PM JH est un contre exemple parfait pour illustrer que c'est pas toujours évident :
Là on le voit après avoir rempli l'espace de flo de clones, ça dégage bien les sections bien boisées et dures comme la pierre. Je me suis fait méchemment devasté l'été dernier par des mouches de terreau de l'espace. Genre avec des larves affamées qui te bute tout ce qui n'est pas mature sur le plan végétatif. J'ai donc été obligé de forcer celui ci même si ça enfreint mes propres règles, maintenant cela ne va pas mettre pour autant la lignée en péril vu que c'est exceptionnel. Sur un projet backcross ça m'aurait bien plus emmerdé car la plante a été malmenée : traitements BT, tailles intensives pour remplacer les clones butés, root trimming ... tout en se faisant grignoter les racines le temps que je maitrise l'invasion.
Au niveau de la vigueur, tu vas vite comprendre pourquoi au fil des annèes les F1 ont tenu le pavé jusqu'à que les fems les supplantent commercialement. C'est un point de référence tout à fait légitime, mais ça reste un point de vue faussé (par l'heterosis) quand on veut aborder le long terme.
Je ne suis pas en train de te dire qu'un IBL ne pourra jamais être aussi vigoureux qu'une F1 lambda si tu y travailles, mais que ta valeur de référence ne doit jamais être une F1. Que tu aies un léger rallongement de flo, que le stretch s'allonge un peu ou bien que tes clones reprennent un peu moins vite qu'un F1 ... c'est normal du moment où ça reste dans un spectre raisonnable ou bien que la contrepartie en vaille la peine. J'ai une lignée qui est passé de moins d'une semaine en stat de clonage à un mois complet par pression, sans outcross, le drift est bien là mais cette lignée n'est pas sélectionnée pour son temps de clonage mais sur un autre critère qui lui a fait des bonds dans le bon sens. Il faut savoir faire des compromissions afin d'avoir un panel tactique suffisant, pour mettre en pratique les stratégies dont elles dépendent. Tout ça en s'adaptant à chaque génération, mais c'est aussi pour ça que c'est si passionnant.
De toute façon, si la lignée a souffert du dernier croisement tu le verras bien avant avec la tronche des semis.
Pour la pollénisation ouverte indoor, c'est une stratégie que je comprends tout à fait dans le cas de landraces pures cultivées dans une environnement proche de leur géolocalisation initiale. Mais en dehors de ce cadre strict, je trouve beaucoup plus efficace d'opérer une vraie sélection (peu importe les critères) et d'accompagner les ségrégations successives qui en résultent en autant de lignées dédiées.
Sur le long terme, tu auras crée tout un univers génétique autour d'un couple qui te permet de régulièrement croiser tes lignes pour les rafraîchir. Sans pour autant changer de sang et devoir tout te retaper du F1. Evidemment plus la pression sera forte sur chaque lignée, plus le choc génétique sera bénéfique pour prolonger le plaisir. T'éloignant ainsi (de force) d'une selection naturelle qui va rendre très homogène l'écart entre les meilleurs specimens et ceux qui n'ont aucun interet. Je ne parle pas là de stabilisation mais de marge de manoeuvre temporelle.
Pour faire dans le synthétique, tes deux P1 initiaux ont un capital qui regroupe leurs rouages individuels pour gérer les combinaisons possibles en aval. Qu'il soient de même lignée ou de variétés éloignées ne change rien, ils vont véhiculer des informations qui leur sont propres.
En poussant chaque lignée d'une même descendance sur des gènes forts (par ex. tu vois qu'un lot clone deux fois plus vite que le reste), tu vas plus ou moins en isoler les rouages. Et l'ensemble des rouages permettant à ces specimens de cloner très vite constituent un équilibre très spécifique des P1 que tu as utilisé en amont.
Tu n'auras rien de comparable avec l'heterosis des F1 mais le simple fait de croiser deux lignées stratégiquement isolées te permet de repartir pour un tour ad vitam. Tout simplement parce que tu recrées une dynamique en opposant deux assemblages de rouages très différents. Cela marche aussi avec deux lignées distinctes qui n'ont connu que la pollénisation ouverte, mais après on entre dans un truc de barge à gérer avec un petit espace et une conso à produire lol
Donc en conclusion, oui buter tous les specimens qui mettent plus d'une semaine à cloner va mettre une pression énorme sur la lignée sélectionnée. Avec toute la problématique qui en découle. Mais si tu sélectionnes cette lignée en pression maximum dans le but à terme d'en rafraichir une autre avec, cela change complétement la donne en terme de longévité. Plus cette spécialisation sera poussée loin et plus l'assemblage ultérieur sera riche via le clash génétique que tu auras (ré)généré. Pour ce qui est de la progression qualitative, elle dépend entièrement du décryptage que tu fais de ces rouages.
Tu peux très bien avoir une lignée "clonage" aux rouages en titane qui va venir bousiller très vite les rouages "puissance" en cuivre d'une autre lignée que tu pensais plus solide.
Comme tu peux aussi avoir des rouages que tu veux assembler mais qui ne tournent pas dans le même sens, où par exemple la puissance va anihiler les perfs en clonage ou vice versa. Avec le temps d'ailleurs je trouve qu'on doit plus dealer avec des gènes suppresseurs qu'avec la récessivité de specimens hors norme, pour obtenir exactement ce que l'on veut.