LE BULLETIN D’ENCOD SUR LA POLITIQUE DES DROGUES EN
EUROPE
Numéro 16 Avril 2006
LE LIEN LE PLUS FORT
Les gouvernements sont forcés par les accords signées avec les Nations Unies, d’avoir
comme ambition d’éliminer l’offre et la demande en stupéfiants á des buts non
thérapeutiques ou scientifiques. On a maintenu ce point de vue la dernière fois lors de
l’assemblée de l’UNGASS (United Nations General Assembly Special Session, la
session spéciale de l’assemblée générale des Nations Unies) á New York en 1998, oú
l’on a proposé que 2008 soit l’ année limite pour évaluer les résultats de cette stratégie.
Chaque jour, aux quatre coins du monde, on constate la preuve que c’est une erreur
d’avoir comme base aux solutions de ce problème des stupéfiants la prohibition.
Cependant cette prohibition est justifiée par l’agence qui coordonne la politique
internationale des drogues., le United Nations Office on Drugs and Crime (le bureau
des Nations Unies sur les stupéfiants et le crime) á Vienne. Chaque année en mars,
l’UNODC invite les gouvernements á une réunion (« La Commission des Stupéfiants »)
au cours de laquelle ceux-ci rapportent leur progrès dans la lutte contre les stupéfiants.
Participer á cette réunion (la dernière a eût lieu entre le 13 et 17 mars) peut être une
expérience enrichissante pour les simples citoyens. Si vous pensez que les
gouvernements sont prêts á utiliser la date limite de 2008 pour avoir un regard honnête
sur les résultats de leur politiques sur les stupéfiants, vous pourriez ressentir un « choc
réel » bien profond lors de la réunion de Vienne. Si vous supposez que la politique au
niveau des Nations Unies est discutée et soumise á des preuves et des faits, vous
reviendrez avec le sentiment d’être un extra-terrestre.
Le directeur de l’UNDOC Antonio Maria Costa commença la réunion avec de nouveaux
concepts oú l’on couvrait les échecs dans la lutte mondiale contre les stupéfiants.
Selon Costa, la production et la consommation de drogues s’apparentent á « un
comportement barbare ». En regardant ces échecs pour n’obtenir qu’une légère
diminution de la consommation mondiale, les Nations Unies déclarent que leur objectif
était le « freinage », ce qui bien sûr est plus dur á évaluer que l’ « élimination ».
Costa a ensuite annoncé quelques remarques intéressantes comme: ‘les drogues tuent
en proportion, plus que les autres substances légales qui entraÎnent une dépendence ».
Pour illustrer sa théorie, il se réfère á quelques chiffres officielles sur le tabac,
consommée par 30 % de la population mondiale adulte et source de 5 millions de
morts par an. Les drogues illicites sont consommées par 5 % de cette même population
et provoquent 200.000 morts par an. C’est à dire, les statistiques de Costa contredisent
sa théorie.
Les commentaires de Costa sur le succès du développement soit disant alternatif
étaient moins innocents. Ces projets sont supposés faire augmenter les sources de
revenus légales des paysans des régions produisant principalement de l’opium et de la
coca (en Asie et Amérique du Sud).
Costa a cité le cas du Laos comme exemple du succès de cette politique. En fait,
comme c’est le cas dans d’autres pays, le développement qu’ont reçu les paysans
d’opium au Laos se sont traduits par des programmes soutenues par les Nations Unis
qui consistent á militariser, á des déménagements forcées, á des pertes de sources de
revenus durables et selon certains témoins, á la perte de la vie de milliers d’indigènes.
(voir www.akha.org)
Des rumeurs couraient avant la réunion comme quoi Costa ne serait pas renommé en
tant que chef de l’UNODC, vu que le gouvernement des Etats Unis n’était pas content
de lui. Probablement c’était le cause de son reproche á l’Europe qui » a le problème des
drogues qu’il mérite ». « L’approche incohérente », disait Costa, “c’ est la dépénalisation
de l’usage de cannabis et la résistance aux tests obligatoires des drogues dans les
écoles qui renvoient des signaux confus aux gens”. Selon Costa, le cannabis est le lien
faible dans la chaÎne mondiale des drogues vu que son usage est une porte ouverte
vers les autres drogues.
Costa présent son bilan á Vienne
Les responsables de l’UE n’ont pas réagit Á cette attaque de manière unanime. La
discussion sur la proposition de l’UE par rapport á l’évaluation qui devrait avoir lieu en
2008 s’est conclue sans le moindre espoir que cette évaluation puisse aboutir á un
diagnostic objectif, scientifique et transparent du problème. Ceci est bien sûr en partie
due au refus des USA á n’importe quelle intervention exterieure dans le processus
d’évolution et en partie due aux représentants de l’UE eux-même.
Ils ont affirmés que le nouveau plan d’action des stupéfiants de l’UE (2005-2008) avait
été basé sur l’évaluation du plan d’action précédent (2000-2004). Cette évaluation (qui
a été publié en octobre 2004) montrait que le plan d’action précédent n’avait eut aucun
résultat positif, cependant le nouveau plan d’action global reprends en gros les même
objectifs que le précèdent. En bref, les échecs visibles de cette évaluation sont
considérés comme des encouragements á continuer.
Dans ce climat, il y avait différentes ONG présentes pour donner leur point de vue, au
sujet de la méthode pour réduire les risques liés aux stupéfiants. Environ 35
représentants d’ONG avaient reçus une autorisation pour assister á cette réunion des
Nations Unies. Cependant, ceux qui ont fait des propositions pour changer
fondamentalement cette politique ont rapidement découvert la vraie valeur de cette
invitation. Même sur le forum de l’ONG, crée en marge de cette réunion, il semblait
impossible de soulever un problème comme la base de cette politique qu’est la
prohibition.
Le gouvernement bolivien a reçu une réponse clairement négative á sa proposition de
lever l’interdiction mondiale sur les feuilles de coca. Les représentants du
gouvernement bolivien étaient tellement intimidés, á cause de la pression venue entres
autres de pays européens dans le but d’abandonner leur diplomatie de la coca, que la
question semble temporairement enterrée.
Participer á cette réunion a rendu le dilemme d’ENCOD encore plus clair. Devons-nous
céder á l’actuel statu quo, et accepter que seuls des changements cosmétiques
puissent être obtenus dans les années á venir ? Après la réunion de Vienne, Antonio
Maria Costa a été renommé pour 4 ans au poste de directeur de l’UNDOC. Devons
nous rester sur la touche comme une minorité presque anonyme de personnes avec
leur critiques, en formant un cible facile á stigmatiser?
Ou devons nous essayer d’avoir de l’influence sur le processus politique, en approchant
des politiciens? Soit en montrant combien de personne souhaitent en finir avec cette
guerre aux drogues soit en montrant les effets positifs d’une situation oú les drogues
seraient légalement contrôlées.
Si le cannabis est le lien faible de la politique des stupéfiants des Nations Unies, alors il
pourrait être le lien fort dans les efforts á fournir pour changer de politique. Dans les
mois qui viennent, ENCOD travaillera sur une proposition politique détaillée pour
organiser le marché du cannabis en Europe. Nous pouvons utiliser les expériences des
Pays-Bas, de l’Espagne, de l’Allemagne et de Suisse pour donner des propositions
concrètes au niveau Européen et national.
Mais une chose est sûre. Pour entretenir un réseau Européen, nous avons d’urgence
besoin de plus d’argent. Les semaines á venir sont cruciales. Nous avons aussi besoin
du soutien de tous pour réunir plus de membres et de sponsors de façon á permettre á
notre coordination pan-européenne de fonctionner. Merci de prendre contact avec nous
pour plus d’information.
Par Joep Oomen