En intérieur en ville ou en pleine terre à la campagne, les « cannabiculteurs » s’en donnent à cœur joie du nord au sud de l’Hexagone. C’est surtout de mars à octobre, durée de floraison de la plante, qu’ils rivalisent d’ingéniosité pour camoufler leur production, sans toujours tromper la vigilance des forces de l’ordre.
En octobre 2010, un agriculteur du Gard a ainsi été mis en examen après que des randonneurs ont découvert par hasard plusieurs centaines de pieds de cannabis dissimulés au milieu des tournesols. « Il a fallu une journée complète pour tout arracher », témoigne un élu du village de Sainte-Anastasie, proche de Nîmes.
Laurent, 36 ans, raconte planter de l’herbe dans son jardin depuis qu’il s’est installé en Auvergne, il y a huit ans. Dans son village d’un millier d’habitants, ils sont « au moins une dizaine à faire ça », pour leur « consommation personnelle ». « Je ne voulais plus prendre le risque d’aller acheter du shit à un dealeur dans la rue », assume ce fonctionnaire, père de famille. Laurent dit mettre en terre en général une poignée de plants, mais explique que sa région regorge de cultures plus vastes, que les gendarmes traquent par hélicoptère.
500 € pour un kit complet
Tous ces cannabiculteurs sont autant de clients potentiels pour certaines jardineries. Hier, dans un magasin de jardinage des environs de Nîmes, la clientèle jeune se renseignait uniquement sur les serres d’intérieur. « C’est un engouement, reconnaît le patron du commerce dans un éclat de rire. Une grande majorité de mes clients viennent pour s’équiper en matériel de culture du cannabis. Mais ici, il n’y a pas de trafiquants ou de gros producteurs. C’est essentiellement pour une consommation personnelle. Comptez 500 € pour un kit de plantation complet! »
Les récoltes de cannabis font des envieux. Les vols de plants — mais aussi de lampes à sodium ou à mercure — se multiplient. En octobre, dans le Gard, un jeune est décédé, tué d’un coup de fusil par le gardien d’un champ de cannabis qu’il s’apprêtait à piller.